Le train fantôme

Venez à moi, que je vous avale, bouh !

La conscience sommeille. Les sensations s'envolent. L'errance s'improvise et fait de l'animal endormi un pantin dans la nuit. Une coquille vide qui s'ouvre devant une attraction haïe qu'il observe brièvement sans vraiment la voir. Un train fantôme, bouh ! Une supercherie de mauvais goût. Un manège pour enfants, inutile; perte de temps. Pourtant le Bauk lui susurre qu'il fait bon vivre dans ses wagons, là où la lumière n'est plus qu'un faible faisceau, là où le bruit environnant d'une fête foraine ne l'atteint plus. Non, ce n'est pas ce vilain parasite, il semble comme... disparu, comme par magie ! Soulagement, bref. C'est autre chose qui inévitablement l'attire. Quelque chose qu'il ne connait pas et dont il ne prend pas garde. Quelque chose qui le pousse à prendre place au bord du wagon de tête, sans que l'esprit ne se pose la moindre question. Simplement, il obéit. Se soumet à cet attrait qu'il juge pour l'heure sans intérêt et s'avachit sur son siège en allumant instinctivement une cigarette le temps du démarrage, oubliant que cela n'est certainement pas permis. Et pendant que la braise grésille et la fumée s'éparpille, son regard se pose sur les passagers; tous des étrangers qu'il jauge discrètement. Soudain, la pensée du fugitif s'arrache à ses lèvres, dans un murmure pour lui-même. « Merde... ». Puis inaudible poursuit. *Qu'est-ce que je fous là ?*. Trop tard.